La Franc-Maçonnerie À Madagascar

La Franc-Maçonnerie À Madagascar

I. LES PREMIÈRES LOGES

La Franc-maçonnerie est présente dans les Mascareignes depuis la fin du XVIIIème siècle. La Loge La triple espérance, présente à l'Ile de France (actuelle Ile Maurice) tente dès 1798 d'installer une loge à Madagascar. Toutefois, la Franc-maçonnerie ne s'implanta à Madagascar que vers la fin du XIXème siècle, avec l'installation en 1890 de la Loge Imerina 310 à Tananarive par la Grande Loge de France (GLDF).

La Franc-maçonnerie se développe essentiellement dans les communautés étrangères, durant les dernières années de la Monarchie. La Franc-maçonnerie prit d'ailleurs un essor tel qu'elle eut à subir les attaques en règle de la communauté des Jésuites à Madagascar, qui publia une brochure titrée Framasao pour tenter d'en contrer le développement. En 1891-1892, sous le règne de Ranavalona III, la Loge Imerina gagna un procès contre la communauté des jésuites à Madagascar pour des propos jugés diffamatoires à l'endroit des francs-maçons dans cette brochure. 


II. L'ESSOR SOUS LA COLONISATION

Le protectorat se mua en colonisation en 1896, et la Franc-maçonnerie se développa en prenant appui sur les réseaux de fonctionnaires mis en place par la puissance coloniale. Ce développement gagna en ampleur avec le remplacement en 1905 du Général Gallieni par Victor Augagneur, gouverneur colonial qui était franc-maçon au sein de la loge Les amis de la Vérité à Lyon. La Franc-maçonnerie se développa tout d'abord dans les villes où les communautés étrangères étaient importantes en grand nombre. 

Le Grand Orient de France (GO) fait son apparition en 1900 avec la Loge L'Avenir Malgache à Tamatave (qui devint L'Indépendance Malgache en 1905) , et en 1903 avec La Loge France Australe à Tananarive (qui devint l'Etoile Australe en 1953). 
On notera que la loge de Tamatave a pour fondateur le sénégalais Blaise Diagne, fonctionnaire de l'Etat français affecté dans cette ville de l'Est malgache, et qui fut un personnage important de l'histoire coloniale française. La Loge ne survivra pas à son départ de l'île en 1909. Toutefois, la GLDF installera par la suite en 1910 la Loge Les Trois Frères à Majunga, et le Droit Humain la Loge Fraternité 202 à Tananarive en 1911. 

Malgré le fait qu'elle ait été originellement constituée d'étrangers, la Franc-maçonnerie à Madagascar fut active pour protéger les droits de l'homme durant la colonisation, en particulier et à travers les sections de Madagascar de la Ligue des Droits de l'Homme.
Toutefois, les orientations prises par le Régime de Vichy durant la Seconde Guerre Mondiale eut des répercussions sur la Franc-maçonnerie, qui fut victime de persécutions à Madagascar tout comme en France. Ainsi, un texte datant de 1941 interdit "aux dignitaires de sociétés secrètes" de faire partie d'une assemblée d'élus, et en 1942 les biens de plusieurs loges présentes à Madagascar furent saisis (France Australe, Imerina, Fraternité 202 et Subrosa) et distribués à l'Assistance publique.

Les loges commencèrent à s'ouvrir aux malgaches après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Plusieurs d'entre eux furent d'ailleurs initiés lors de leurs études en France, en particulier dans les milieux socialistes ou communistes qui véhiculaient des idéaux de liberté, de justice et de fraternité. Tout comme dans de nombreux autres pays désireux de se libérer du joug de la colonisation, beaucoup de francs-maçons malgaches figurent parmi les artisans de l'Indépendance.

III. DU RETOUR DE L'INDEPENDANCE A NOS JOURS

Le retour de Madagascar à l'Indépendance en 1960 pose la question de l'évolution de la Franc-maçonnerie : comment passer d'une «Franc-maçonnerie française à Madagascar » à une « Franc-maçonnerie Malgache ». Du fait de l'histoire de la Grande Ile, la Franc-maçonnerie a été jusqu'en 1960 basée sur trois obédiences maçonniques françaises (GO, GLDF, DH), qui continuent d'ailleurs jusqu'à présent à avoir des loges dans le pays. Toutefois, des obédiences nationales voient le jour rapidement après la fin de la colonisation, avec le Grand Rite Malgache qui est créé dès 1962.

De nombreux francs-maçons ont régulièrement fait partie des cercles du pouvoir, mais également des milieux intellectuel, militaire ou des affaires. Si le régime de Didier Ratsiraka montra durant les premières années de la IIème République une certaine réticence vis à vis de la Franc-maçonnerie, cette tendance déclinera assez rapidement. L'Histoire retiendra par exemple que les francs-maçons de Madagascar ont pris une part active pour éviter que les crises de 1991 et de 2002 ne dégénèrent au-delà de certaines limites, en jouant un rôle de médiateur, quelquefois avec le soutien de francs-maçons de la communauté internationale.

Si la Franc-maçonnerie malgache fut, comme partout dans le monde, marquée par des scissions qui ont autrefois tracé de profondes lignes de fracture, on assiste depuis quelques années à une volonté de dialogue entre toutes les obédiences confondues. Cela s'est notamment illustré par l'organisation annuelle de la Journée Maçonnique de Madagascar (J.M.M.), dont la première édition a eu lieu en 2007. Selon les chiffres, Madagascar compte entre 800 et un millier de francs-maçons.

Si la majorité des loges sont masculines, il existe également des loges mixtes, des loges féminines ou des loges féminine d'adoption.

(Mise à jour : Juin 2010)